Depuis janvier 2019, les parisiens isolés âgés de « 65 ans et plus » peuvent être accompagnés dans leurs déplacements de proximité par des citoyens engagés, grâce au dispositif Paris en Compagnie. La CPAM de Paris et ses équipes Pfidass sont partenaires. Sabrina Touati, coordinatrice médico-sociale pour Paris en Compagnie, nous en dit davantage.
Face au constat à Paris de l’isolement de plus de 175 000 personnes âgées isolées et suite à l’appel à Projet lancé par la Ville de Paris fin 2018, trois acteurs de la solidarité : les Petits Frères des Pauvres, Autonomie Paris Saint-Jacques et Lulu dans ma rue se sont portés candidats pour créer le dispositif Paris en compagnie. Ce dispositif gratuit a pour objectif de créer du lien dans les quartiers et de permettre aux personnes âgées appelées « les aînés », de se déplacer en étant accompagnées par des bénévoles que nous appelons les citoyens engagés.
Trois types d’accompagnement sont proposés. Les accompagnements loisirs pour se rendre dans un parc, aller au cinéma (…) ; les accompagnements médicaux pour se rendre chez le médecin traitant, à l’hôpital, à des séances de kinésithérapie (…), ce qui évite la rupture de soins et l’errance médicale ; et enfin les accompagnements administratifs pour les rendez-vous en mairie, à la préfecture … et faciliter ainsi l’accès aux droits. Nous organisons également, en lien notamment avec d’autres associations ou partenaires, des évènements conviviaux pour les aînés et les citoyens engagés, lors de petits déjeuners, goûters ou soirées pour les bénévoles.
Les citoyens engagés ont accès à l’ensemble des demandes d’accompagnement modélisées sur une carte de Paris, via l’application Paris en Compagnie. Ils peuvent ainsi choisir les accompagnements en fonction du lieu, du jour et de l’heure à laquelle ils sont disponibles, et effectuer sur l’outil leur retour d’expérience après chaque accompagnement. Les ainés sont également contactés par nos équipes après chaque sortie, et en cas de signes de fragilité signalés par le citoyen engagé, l’aîné est réorienté par l’équipe médico-sociale de Paris en Compagnie, avec son accord, vers le partenaire social dont il a besoin.
Les bénévoles assistent à une première réunion d’information, animée par un membre de l’équipe, au cours de laquelle ils reçoivent des instructions sur les modalités de l’accompagnement. Ils fournissent ensuite une pièce d’identité et signent la charte du citoyen engagé. Ceux qui ont effectué trois accompagnements peuvent ensuite être formés sur l’utilisation des aides techniques et les situations de handicap, et sont sensibilisés au vieillissement normal ou pathologique, notamment avec des costumes de simulation de vieillissement pour un ressenti physique.
Forte de mon expérience à la Maison des aînés et des aidants, dont je suis issue, je rencontre les citoyens engagés et les informe sur les modalités spécifiques du dispositif Paris en Compagnie. J’apporte également mon soutien et mon expertise avant et/ou après les accompagnements, si la situation le nécessite. Pour finir, je coordonne la réorientation vers nos partenaires et les services sociaux et médico-sociaux lorsque nous repérons des signes de fragilité ou un besoin chez nos aînés. Je suis donc directement en lien avec les aînés dès lors qu’une problématique sociale émerge.
Depuis mai 2018, la CPAM de Paris s’appuie sur son dispositif Pfidass* pour repérer les personnes en situation de renoncement aux soins afin de les accompagner jusqu’à ce que les soins soient réalisés. Le croisement des deux dispositifs, Pfidass et Paris en Compagnie, est un pont qui joue en faveur d’un accompagnement personnalisé des personnes ciblées. Nous avons rencontré les équipes Pfidass pour définir le champ des compétences respectives.
Nous avons des outils en commun et lorsqu’une personne âgée cherche un professionnel de santé pour des soins, nous la réorientons vers la CPAM et inversement lorsque ce sont les équipes Pfidass qui détectent des situations nécessitant nos services. Cela concrètement, en cas de renoncements aux soins d’un assuré parisien pour cause de difficultés de mobilité, explique Sabrina Touati.
*Plate-forme d’intervention départementale d’accès aux soins et à la santé
